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Petit préambule nécessaire !
Cet article est prêt depuis une dizaine de jours à être publié sur Overblog.
Je ne l'ai pas fait pour des raisons de bienséance et de compassion : les événements vécus en France ces derniers jours m'ont, comme beaucoup d'entre nous, particulièrement ébranlée. J'ai suivi l'actualité d'heure en heure sur internet , autant que je pouvais le faire , et ai préfèré différer ces images et ce texte qui sont là pour distraire, informer, partager.
Le moment n'y était pas.
Arrivée à Phnom Penh
Pas d'hôtel de réservé. Habituellement je réserve ma première nuit , puis j'arpente, choisis et change si nécessaire. Là, impossible depuis mon île sans électricité ...
Arrivant le 30 Décembre , j'ai peur de ne pas avoir trop le choix, et me fie à une adresse donnée par une touriste Belge de rencontre : la Blue Dog guesthouse.
En fait chambre très agréable, pas trop chère, mais au dessus d'un bar avec billard, musique très forte, de quoi agrémenter mes heures d'insomnie ...
Mais je préfère assurer mes arrières pour le nouvel an.
Ici aussi, des touristes mais pas la cohue, si bien que je migrerai en bordure du fleuve à partir du 1er Janvier,
Leur promenade des Anglais , le long d'un bras du Mekong. Et de si jolis bâtiments pour les hôtels.
La première impression, lorsqu'on arrive à Phnom Pehn (en tous cas pour ce qui me concerne) est celle d'une ville animée, bruyante, commerçante, en mutation, mais agréable. Certes quelques grands immeubles, mais tout est à dimension humaine.
Je loge desormais dans le quartier Sud, dit de l'Independance (près du monument portant le même nom)
Beaucoup de guest houses et bars, petits commerces, restaurants à tous les prix, dans une petit fouillis organisé et bien agréable.
Visite du musée du crime génocidaire TUOL SLENG
J'ai longtemps réfléchi si je devais faire cette visite.
En effet, j'ai toujours fui ce genre d'endroit, même si ma conviction quant au devoir de mémoire est très ancrée en moi.
Mais pour avoir vécu à l'âge de 13 ans la visite du camp d'Auchwitz, je dois avouer que je suis à jamais traumatisée par ce genre de visite. C'était lors d'un stage linguistique très particulier, dont je garde un souvenir épouvantable.
Donc, là...
Depuis mon arrivée au Cambodge, je suis tellement touchée par les paroles de nos amis Kmers (on dit ici Kmers plutôt que Cambodgiens, eu égard à leur appartenance ethnique, ne pas confondre avec les Kmers rouge, bien sur), si touchée, disais-je, par tant de souffrances dues à la folie humaine, que j'ai décidé par respect pour eux, et afin de transmettre un petit peu de leur espoir par ce blog, de prendre cette visite , avec guide francophone, mais j'ai une certaine appréhension, je me connais ...
Nous entrons dans une cours somme toute agréable, et verdoyante
Visite des différents lieux, qui étaient autrefois une école avec ses salles de classe, transformée en prison légendaire , la S21, qui servait de passage avant les camps de la mort.
Je ne ferai pas ici l'horrible histoire du Cambodge entre 1975 et 1979, ou Pol Pot et son régime ont commis les pires atrocités. Ce blog n'en est pas l'endroit, mais croyez moi, c'est difficile à croire.
Difficile à imaginer qu'en trois jours, il ait pu vider la ville de Phnom Penh ... Pour expulser la population dans les champs. Trois jours !
Difficile à imaginer qu'il y ait eu 3 millions de morts sur 10 millions de population à l'époque .
Ce n'est pas si loin 1975...
Bien sur, je connaissais ce pan de l'histoire Cambodgienne, faisant partie de la génération qui a vécu de loin cet épisode mais qui était très présent dans tous les journaux de l'époque.
Je sors de cet endroit, ébranlée, au bord des larmes, que j'ai retenues tout au long de la visite avec mon guide.
Comment des atrocités pareilles sont possibles ? J'ai du mal à le croire. Dans certains guides, il est noté des tortures bien pires que celles des nazis. D'après ce que j'ai vu, je n'arrive pas à penser que des hommes aient pû avoir une telle imagination dans l'horreur. De plus, on le sait, il ne s'agissait pas toujours d'interrogatoire, mais tout simplement de supplices pour le plaisir.
Les tableaux qu'a peints un des survivants que j'ai rencontré ce jour là en atteste.
Porte d'entrée du marché central
Défaite, vidée, je décide de faire un tour au fameux marché central, , pasar Thmay, pour "digérer" cette visite.
C'est le vrai centre de la vie Phnom-penhoise. La circulation autour est dingue.
Il a été construit en 1937 par des architectes français dans un style colonialo-Art déco. Il est coiffé d'une impressionnante coupole de 26 m de haut qui se prolonge par 4 ailes, qui lui donne une étrange silhouette de soucoupe volante !
Entrée du marche central de Phnom Penh
Marché central et ses envahisseurs...
Vous me voyez là, parmi les bijoux ...
Petite parenthèse, lors de mon court séjour à l'île aux Lapins, j'avais rencontré Diego, ce jeune architecte, qui m'avait vanté la qualité technique architecturale de ce bâtiment, eu égard à sa ventilation extraordinaire.
Effectivement ! On est même au frais .. Compte tenu de la température extérieure avoisinant aujourd'hui 35°, ce n'est pas mal.
Les Galeries Farfouille à la cambodgienne. La coupole n'est pas en verre mais en béton. Qu'importe !
J'arpente les nombreux stands. Les premiers qui s'offrent à moi, au centre sont consacrés aux pierre précieuses, et de taille !!!! J'ai une pensée particulière pour ma Tata, qui les adore ...
Puis comme dans tous les grands marchés asiatiques, un peu de tout....
Et ces si jolis étals de fleurs, dont je me régale toujours
À Phnom Penh, une quantité importante de bâtiments officiels datant de la présence Française est encore visible. Ici, vraiment , une vraie sensation de France sous les colonies. D'ailleurs, beaucoup de Français sont en train de s'y installer, et un nombre incroyable de touristes français également sont venus en masse cet hiver. Pourquoi ? Peut être la gentillesse des Cambodgiens, un pays en devenir , un climat chaud , je ne sais ?
La poste, bâtiment Français du temps de nos anciens.
Je loge tout à côté du Palais Royal
Devant, c'est un peu le parc ou tous les cambodgiens viennent se prendre en photo. On. Y voit également beaucoup de pauvres, de très pauvres, passer quelques moments agréables avec leur famille.
un petit Père Noël endormi...
Ne me demandez pas le nom de ce fruit ? Mais les petites excroissances à l'intérieur : délicieuses. Si quelqun à le nom, je suis preneuse !
De nombreux vendeurs ambulants à l'approche du Palais. Ils vendent ce fruit assez incroyable, et quelques boissons, histoire de nourrir la famille.
Palais Royal, monument central, très "léché ".
Une salle du trône magnifique, bien sur, couverte d'or, que j'aurai pas l'autorisation de photographier.
toujours un malaise quand même, de voir ces populations en extase devant tant de joyaux appartenant à leur monarchie, alors qu'ils crèvent de faim...
c'etait le message du jour !
Stade olympique . On y pratique quotidiennement, en toute liberté, tous les sports. Ici une sorte de Zumba pour vieux, pas tout à fait colle chez nous !
Je décide d'aller au stade olympique...
image surréaliste. Un stade en décrépitude totale, plus de gazon, des tribunes à l'abandon (pour l'entretien), mais ou j'y vois une population joyeuse s'adonner à toutes sortes de sport. En effet, l'arène est ouverte à qui veut bien pratiquer du sport, c'est ainsi que j'aurai le plaisir immense de voir une dizaine de groupe de "zumba", de niveaux différents, sous une musique épouvantable, profiter de la douceur du soir, et se vider de tout avant la tombée de la nuit. Mais on est loin de la zumba de Paillé ! Hein, les filles !
Du tennis, du volley, de la pétanque, de l'athlétisme...
Un petit tour au marche russe.
on y trouve absolument de tout : des fringues à l'alimentation, en passant par les moteurs de voitures, la quincaillerie etc... Exotique !!!!
Une vendeuse en plein effort
Je ne sais pas ce que va devenir cette petite boutique ente les deux immeubles ? Pour combien de temps ?
Au Cambodge, au Vietnam, tous les immeubles de construction récente, ont ces formes incroyable de cubes mis les uns sur les autres., très hauts et très étroits.
en fait, l'explication en est simple : les impôts !
Sont taxées les façades par longueur de 4 m ... Donc, tout se construit ou presque avec des bases de 4 m. ... Pas plus difficile que ça !
Killing Field ou le camp d'extermination Choeung Ek
Rendu célèbre par le film "la déchirure" ce camp fut exploité 3 ans par les Kmers rouge.
C'est ici qu'étaient amenés les prisonniers venant de S21.
Pendant la période Pol Pot de 1975 à 1979, des centaines de camps comme celui la ont existé répartis dans tout le pays. Celui ci est ouvert en tant que mémorial .et est un lieu de recueillement et de visite maintenant.
Si autour, nombre de tuk tuk s'affairent à transporter les visiteurs, il règne ici une atmosphère de très grand jardin paisible. Instinctivement, chacun se sent transporté par l'émotion, guidée par les explications au fur et à mesure du parcours. Pas un mot, pas un chuchotement. Un silence total règne parmi nous ( et nous sommes nombreux) .
Seuls les oiseaux nous berceront de leur chant le long du petit lac.
C'est une visite très, très lourde, mais que je me suis imposée d'accomplir , pour ne jamais oublier.
Je n'en dirai pas plus. Je ne pourrai jamais oublier...
I
Là j'ai passé des heures devant internet, essayant de capter les infos sur les événements de Charlie Hebdo.
Kampong Cham
A l'est - nord-est de Phnom Penh, par le bus, comme d'habitude. 4 heures de trajet prévues.
La route est soit défoncée, soit en travaux ... On a le choix.
Au bout d'une heure et demi, il me prend l'idée saugrenue de prendre ma tablette et regarder ou nous nous trouvons. Et là, grand moment de panique, la petite flèche indique que nous sommes carrément au nord de Phnom Penh.
Me serais-je trompée d'autobus, ou bien aurais-je mal prononcé le nom de la ville en achetant mon billet ? Évidemment le chauffeur du car n'aligne pas un mot d'Anglais, et mes connaissances en langage Kmer ne se bornent qu'à "Acun", merci en phonétique !!!! Ça ne va pas le faire pour engager une conversation sur l'itinéraire emprunté !
Ces questions ? car dans cette direction , figure une ville qui s'appelle Kompong Tchang. Non, ce n'est pas vrai ! Pratiquement la même prononciation !
De là, naissent en moi les interrogations habituelles en voyage, ceux de l'organisation...
Hotel déjà réservé pour deux jours (rarissime), que vais je faire dans cette ville imprévue ? Il paraît que c'est nul et qu'il vaut mieux passer son chemin ... Mais pour où ?????
Justement, pas de panique. J'avise, et m'adapte, même si je ne suis pas très contente.
À propos, à quoi ressemblons nous, lorsque nous voyageons seules, avec ce genre de mésaventure, de réflexion (tout sauf métaphysique !)... Je dois avoir l'air d'une évaporée, peut être, d'une folle au milieu de ses réflexions ?
En regardant de plus près sur l'écran , je m'aperçois que la route fait un détour, et longe le Mekong, qui est in traversable ...
Rassurée quelque peu, j'attends une heure, et regarde à nouveau. Ouf ! Des frayeurs pour rien !
En fait, ce genre de mésaventure de m'est jamais arrivée . C'aurait été une première, mais j'avoue que toute la modification d'itinéraire avait quand même quelques conséquences négatives ...
Marché, comme toujours, mais si passionnant .
Donc Kompong Cham m'apparaît comme une ville dotée de belles et grandes avenues, fort bien entretenues (fait rare pour le remarquer), de maisons splendides , voire luxueuses en périphérie. Je ne m'attendais pas à cela. Toujours la distorsion entre ce que nous lisons à droite et à gauche et la réalité. J'apprendrai par la suite qu'il s'agit de bâtiments administratifs, ou d'autres appartenant à la nouvelle classe de Cambodgiens qui se sont enrichis grâce à la corruption qui fait légion ici.
Le centre ville est plus à l'asiatique, marché central important, beaucoup de maisons coloniales françaises, et puis le Mekong, le fascinant Mekong, parsemé de nombreuses barques de pêcheurs .
J'ai loué un vélo aujourd'hui. Pas forcément la meilleure idée lorsqu'il fait 35°...
mais j'avais envie de traverser le pont immense sur le Mekong et voir ce qui se passait de l'autre côté. Déjà au tiers du chemin, il a fallu que je descende, car je n'arrivais plus à pédaler (le pont est en forme romaine). Cela m'a donné l'occasion d'assister aux différentes étapes de la pêche.
J'essaie de positiver devant le peu d'énergie par cette chaleur. La volonté était lá, mais pas les muscles!
un vrai bonheur. Toujours par deux, les bateaux maintiennent en décrivant un cercle, un très grand filet. Puis, huit hommes sur chaque embarcation tirent, jusqu'au point limite . Là, entre les deux bateaux, on voit scintiller la masse de poissons péchés. Du pont, c'est un véritable éclair de lumière ...
Pratiquement pas de touristes ici. Ça fait tout drôle. Et les seuls que je rencontre sont à la terrasse du QG Français , le Mekong Riverside, café à la Française, fauteuils en rotin avec coussins (ça c'est chouette).
Une bonne adresse, même l'hôtel est parfait.
Une parenthèse sur le tourisme ici au Cambodge, balbutiant, mais dont l'essor de devrait pas mettre très longtemps, vu l'organisation mise au point,à la mode Thaïlandaise, qui facilite la vie ... pour nous étrangers ...
80% de touristes Français . Et oui, nous y sommes en masse. À croire que nous y trouvons un sentiment d'un peu de chez nous, c'est très étrange. Je ne parle pas des expats, c'est identique. Un nombre incroyable de Français que j'ai rencontré pendant ces trois semaines, et qui ont monté leur petite affaire, leur resto, leur bar, leur société de quad etc, etc...
Cet engouement pour le Cambodge me laisse sans voix.
Il faut dire que nous y sommes accueillis à bras ouverts, même si l'anglais à supplanté la langue Française à l'école, et dans la rue depuis longtemps.
autant le dire tout de go, cette ville est très, très calme. Un bonheur pour moi. J'en ai un peu assez de la foule en Asie. J'étais très heureuse de me poser la, dans un petit hôtel au bord du Mekong, à contempler ...
Je décide de visiter aujourd'hui en tuk tuk les trois sites prépondérants, car ils ne se trouvent pas réellement en centre ville. J'avais hésité pour le vélo, mais intuition, quand tu nous tient ...
Mon chauffeur de Tuk tuk '........ est en fait guide, et francophone qui plus est . Quelle chance !
Il roule excessivement doucement, ce qui n'est pas pour me déplaire.
C'est simple, en général , j'ai soit "Fangio " soit "Papy fait de la résistance". Aujourd'hui, c'est la deuxième option.
Je comprendrai, à mes dépends, le pourquoi de son allure, dans la journée : il n'a plus d'amortisseurs !
Visite du temple pré-Angkorien (car pour dater les temples ici, la référence est la construction des Temples d'Angkor au 14eme siècle) . Celui ci est du 11ème.
Beaucoup d'explications intéressantes sur la naissance du Boudhisme, du Grand Véhicule et du Petit Véhicule.
...
Puis la colline des femmes et celles des hommes.
Allée majestueuse, escalier tout aussi majestueux (250 marches, très hautes, à plus de 36° aujourd'hui ... Je m'évapore après m'être liquéfiée !
Paysage magnifique de la campagne, sérénité ambiante. Bref, bien agréable.
Du côté des Hommes, la colline d'en face, pagode, Stupa un peu plus imposant. Des pauvres décharnés font la manche à l'entrée. On m'invite à pénétrer dans la pagode, à m'agenouiller sur le tapis de prière, ce que je fais toujours bien volontiers.
Temple des hommes
Let´s go to the bamboo bridge !
Le dernier lieu de visite est ce pont plus qu'improbable fait uniquement en bambou, reliant la terre ferme à l'île de ......, île sablonneuse et luxuriante. Il est construit chaque année à la période sèche quand le Mekong est au plus bas.
Extrêmement surprenant, voire ...surréaliste.
Et c'est là que ma remarque sur les amortisseurs du tuk tuk prend tout son sens !
Impensable, insoutenable, insupportable !
Le guide me fait parcourir un très long parcours dans des ornières pas possibles, sans s'arrêter. Quel dommage car la balade était non seulement belle, mais instructive. J'ai tellement souffert à l'arrière de son engin de malheur que cette visite en a été gâchée. De plus, comme il n'a pas daigné s'arrêter une seule fois, les photos ont été quasiment impossibles à prendre.
Néanmoins, tout au long du trajet, j'ai pu voir ces maisons de campagne populaires, dans une belle végétation dense, et comme il s'agit d'un chemin, j'etais au plus près ... Et là, la misère vous saute au visage. Conditions de vie moyen-ageuse, des gens en horripeaux, toujours avec le sourire ... Là c'est le Cambodge rural, avec ses cultures de riz, sa pêche, sa débrouille pour assurer le quotidien.
Le pire est qu'il faut parcourir le même chemin en sens inverse ! Pourquoi mon guide s'avère d'un seul coup imbuvable ? Je ne le saurai jamais, même si je peux imaginer qu'il voulait se débarrasser au plus vite de moi, et rentrer fissa à la casa...
Après le passage du pont, extrêmement chaotique bien sur, je ne me doutais pas de ce qui m'attendait ...
Le dos en a pris un coup, c'est un oephemisme.
Maison traditionnelle cambodgienne, et le village
Mon vague programme de voyage cette année prévoyait après le Cambodge, une escapade nature à Bornéo.
la meteo exécrable me contraint à changer mon itinéraire. Je savais que le mois de janvier ne serait pas top, mais à ce point ...
Aussi, j'ai décidé de passer la frontière voisine, de me rendre à nouveau au Vietnam, que j'ai parcouru il y a trois ans, mais qui m'avait laissé un goût d'inachevé, à cause de mes douleurs de dos insupportables, qui n'avaient pu être enrayées malheureusement.
Donc, pour l'instant fini Borneo, et en avant vers d'autres versants du Vietnam !...